Conflit, Pouvoir et Représentations
18-19 novembre 2016 - 9h30
Université du Maine - Bibliothèque Universitaire - Salle Pierre Belon
Le concept de conflit est omniprésent dans l’espace public, et donc dans le domaine politique, mais il occupe aussi la sphère intellectuelle. Dans le domaine littéraire, toute création s’attache à décrire ou commenter différentes formes de conflit. L’agôn et le polemos font partie du monde littéraire et politique depuis toujours.
Le but de ce colloque interdisciplinaire et international, qui s’inscrit dans la lignée des colloques précédents organisés par le Réseau d’Étude des Pouvoirs (Power Studies Network) et qui ont eu lieu à Caen, Poitiers et Nanterre, est d’interroger le croisement des concepts de conflit et de pouvoir. Il s’agira, bien sûr, d’aborder le conflit entre pouvoirs, par exemple, dans une approche politique, sociologique ou juridique.
Conflits entre pouvoirs de divers groupes sociaux, conflits entre les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judicaire) qui - selon Montesquieu - doivent être séparés pour s’équilibrer, conflits pour arriver au pouvoir, conflits d’intérêts entre divers groupes : il s’agit là d’interroger le fonctionnement habituel de la vie politique, économique ou sociale de toute société.
Dans le domaine des relations internationales, le conflit est, bien évidemment, la norme dans un monde hobbesien de lutte de tous contre tous. Ainsi, le colloque pourra aborder la genèse du conflit dans une configuration donnée de pouvoirs, la gestion, la résolution, voire l’évitement des conflits. L’idée selon laquelle tout pouvoir suscite un contre-pouvoir et donc génère du conflit peut être abordée dans tous les domaines de l’activité intellectuelle ou artistique.
On pourra aussi s’interroger sur les connotations souvent négatives du mot « conflit » alors qu’il peut aussi, comme le souligne France Fox Piven, être « précisément le battement du cœur des mouvements sociaux » (Challenging Authority). L’absence de conflit dans une situation de domination, donc de triomphe d’une forme de pouvoir, n’est pas forcément un signe d’harmonie mais peut être une réduction au silence ou une mystification. Le conflit peut alors être envisagé comme source de vie et élément régulateur d’équilibre entre les pouvoirs.
Dans le domaine de l’art, aussi bien au cinéma que dans les arts visuels (peinture, photographie…), mais aussi en littérature, en poésie, la représentation du conflit, que ce soit la guerre, la dispute matrimoniale (Hogarth, Mariage à la mode), le conflit social ou politique est centrale. Ainsi, les écritures/photographies de guerre mettent en œuvre, ouvertement ou non, divers procédés destinés à contester, voire à invalider des discours consensuels bien souvent relayés par les pouvoirs en place. On pense, par exemple, à Goya et à sa série de gravures Les Désastres de la guerre, qui met au premier plan la brutale réalité de la guerre, fait disparaître ce qui ennoblissait les actes guerriers et les rendait héroïques.
S’agissant des conflits dits religieux, comment se cristallisent les désaccords, comment aboutissent les négociations ou les arrangements ? Comment donner alors une lecture/représentation profane de ces conflits ? Observe-t-on une diffusion des conflictualités urbaines dans les villes modernes ou à de nouvelles formes d’arrangement ? La ville, lieu où se côtoient de multiples acteurs aux intérêts divergents, espace plus ou moins éclaté, plus ou moins ségrégué, peut-elle se transformer en un lieu de pouvoir, un espace politique soumis à toutes sortes de pressions exercées par diverses populations ? Quelle représentation littéraire ou artistique peut alors en être donnée ? Les intervenants pourront aussi examiner la mise en scène de ces conflits par différents médias et la relier à des perspectives culturelles et philosophiques sur le pouvoir.
Ce colloque, résolument transdiscipliniare, sera donc ouvert à des problématiques de sciences sociales et historiques mais aussi littéraires et artistiques. Le pouvoir machiste comme le pouvoir militaire, le pouvoir des lobbys ou le pouvoir des « élites », nécessairement générateurs de conflits peuvent être déconstruits par des approches de genre, féministe, sociologique, politique ou philosophique. Dans tous ces domaines le colloque étudiera la relation entre pouvoir, contre-pouvoir et conflit. Il s’agira d’étudier comment une configuration de pouvoir provoque du conflit et d’analyser les modalités de ce conflit.